Conférences, concerts, ateliers
Vichy
: 6 et 7 février 2006
presse
Montluçon
: 8 et 9 février 2006
presse
Clermont-Ferrand
: 14 février 2006
(la
presse clermontoise n'a pas couvert cet événement)
Le patrimoine musical de l'Auvergne est encore très
largement méconnu
: le Quatuor Prima Vista œuvre
concrètement depuis quinze ans à le rehabiliter et à le diffuser.
Son engagement au service du compositeur George Onslow (1785-1853)
est connu et reconnu, et les manifestations qu'il organise autour de
cette grande
figure
de notre Histoire
musicale
(le festival des "Soirées Onslow" et la "Journée
Onslow") sont désormais inscrites dans le paysage culturel de la
région Auvergne. De la même façon, le Quatuor Prima Vista s'est
mis au service de deux autres compositeurs : le clermontois Antoine Lhoyer (1768-1852)
dont il a créé le Concerto pour guitare et quatuor Opus 16 dans
sa version originale, et Daniel Meier (1934-2004),
Auvergnat d'adoption qui lui a dédié trois de ses œuvres,
et notamment son Quatuor n°2 (2000) que Prima Vista a interprété à plusieurs
reprises en France (Festival "Les
Chemins de Musique" de Ligugé, Festival
International de Musique en Catalogne, Festival
Bach en Combrailles,
etc.) et en Europe (Festival International de Méditerranée de
Carthagène
en Espagne, Saison culturelle de Schrobenhausen en
Allemagne).
Un nouveau "cas" se
présente aujourd'hui en la personne du compositeur Henri Thévenin
(1922-1993). Cet artiste aujourd'hui oublié vécut à Vichy
où il composa la totalité de son œuvre tout en participant
activement à la vie artistique locale ; on trouve dans son catalogue
de la musique de chambre, des mélodies, des œuvres orchestrales,
et des recueils de pièces pour piano. Sociétaire de la SACEM,
il est pour ainsi dire le seul compositeur de sa génération
en Auvergne à avoir laissé une œuvre musicale aussi
importante. Également écrivain - auteur de poèmes
et de contes - Henri Thévenin n'a jamais bénéficié d'aucune
reconnaissance publique ou institutionnelle de son vivant, et son œuvre
musicale est restée intégralement inédite : on doit
sa redécouverte à Baudime Jam dont les recherches
ont abouti, en juin 2005, à la publication d'une notice biographique
aux Études Bourbonnaises (n°302) - la première qui ait
jamais été consacrée à Henri Thévenin.
Elle est reproduite ci-dessous. Quant
au Quatuor Prima Vista, il a inscrit à son répertoire le
Quatuor en sol, de 1952, et dont le manuscrit original a été récemment
sauvé de la destruction.
Aboutissement de ces efforts, deux doubles journées ont été organisées en 2006, à Vichy les 6 et 7 février et à Montluçon les 8 et 9 février pour rendre hommage à Henri Thévenin, tout en l'inscrivant dans une continuité de musiciens en Auvergne. À Vichy, c'est bien entendu au Centre Culturel Valéry Larbaud, où Henri Thévenin a si souvent accompagné au piano la Symphonie vichyssoise, qu'a été organisé cet événement. La conférence, prononcée par Baudime Jam, était programmée le lundi 6 février à 15h30 dans la Salle Caillois. Quant au concert, il a eu lieu le lendemain, mardi 7 février, à 20h30, dans l'auditorium : au programme, le Quatuor Opus 8 n°1 de George Onslow (1815), le Quatuor n°2 de Daniel Meier (2000) et le Quatuor en sol d'Henri Thévenin (1952). Trois générations de compositeurs en Auvergne étaient ainsi réunies pour la première fois à l'affiche.
On notera que les musiciens du Quatuor Prima Vista sont intervenus à l'École Nationale de Musique de Vichy dans la journée du 7 février pour participer à une action de sensibilisation à la musique du 20e siècle : analyse par Catherine Roblin, professeur à l'ENM, illustrée en direct, du premier mouvement Quatuor en sol d'Henri Thévenin et du Quatuor n°2 de Daniel Meier, et présentation historiographique étaient au programme de cette rencontre avec les élèves musiciens.
Cette double journée fut également organisée sur le même principe à Montluçon : conférence le mercredi 8 février et concert le lendemain. Quant aux ateliers à l'École Nationale de Musique, ils furent au nombre de deux : mercredi, à 18h30, les musiciens du Quatuor Prima Vista ont raconté aux élèves de l'orchestre "comment fonctionne un quatuor à cordes" en se basant sur un quatuor de George Onslow ; jeudi, dans l'après-midi, Jean Cors professeur d'éducation musicale au Lycée Madame de Staël, fit un commentaire du premier mouvement du Quatuor en sol d'Henri Thévenin avec des exemples musicaux en direct.
Dans la continuité de cet événement, les Éditions du Mélophile (Vichy) publieront le Quatuor en sol d'Henri Thévenin sous la direction éditoriale de Baudime Jam. Ainsi, et conformément à sa politique, le Quatuor Prima Vista aura réalisé un projet complet de réhabilitation associant recherche et publication musicologiques, diffusion (concerts), pédagogie (ateliers d'analyse), vulgarisation (conférences) et édition musicale.
L'ensemble de cet événement a reçu le soutien du Ministère de la Culture (DRAC Auvergne), de la SACEM et des villes de Vichy et de Montluçon.
Enfin, à la suite de ces journées, le Quatuor Prima Vista est
venu donner une conférence-concert à la Bibliothèque Massillon
de Clermont-Ferrand le 14 février à 18h30 : il était déjà intervenu
dans ce cadre à propos de George Onslow (en 2000 et en 2004) et d'Antoine
Lhoyer (en 1999 et en 2003).
Création du Quatuor en sol
d'Henri Thévenin au Centre Culturel Valéry Larbaud (7 février
2006).
(photo : Richard Brunel)
Henri Thévenin : le compositeur oublié de Vichy.
par Baudime Jam
Ce
texte est paru aux Études
bourbonnaises (n°302, juin 2005)
ainsi que dans Allier Généalogie (n°31, décembre
2006)
Pour nombre de mélomanes, les grands musiciens de l’Auvergne sont, aujourd’hui encore, Emmanuel Chabrier et Joseph Canteloube - et pour certains érudits curieux, on pourrait encore ajouter Antoine Lhoyer. Ces trois figures de l’Histoire de la musique française n’ont pourtant que peu de lien avec notre Histoire locale. Ne parlons pas de Lhoyer qui ne vécut à Clermont-Ferrand que le temps de son enfance et de son adolescence avant de partir à Paris et de s'exiler en Allemagne puis en Russie 1 ; quant à Chabrier et Canteloube (l'Ardéchois), ce ne sont certes pas sa Bourrée fantasque et sa Ronde champêtre, pour le premier, et ses fameux Chants d’Auvergne, pour le second, qui font de ces deux compositeurs des figures vivantes de notre vie culturelle régionale. Quoique provinciaux de naissance, ils furent l’un et l’autre d’authentiques Parisiens : établis très tôt dans la capitale, ils y firent leur carrière de bout en bout. Le pittoresque et le folklore dont ils s’inspirèrent occasionnellement, et avec quel talent, ne leur permettent cependant pas de figurer au panthéon des grands hommes de l’Auvergne.
À Vichy – qui sera le théâtre du récit qui suit – les historiographes locaux citent avec fierté Isaac Strauss (1806-1888) et Roger Désormières (1898-1963), mais ni l’un ni l’autre ne sauraient prétendre au tire de « musicien vichyssois ». Isaac Strauss, Alsacien d’origine et mort à Paris où il fit toute sa carrière de musicien de bal, ne vint à Vichy, comme bien d’autres artistes de la capitale, que pour y « cachetonner » durant la saison d’été. Auparavant, il avait déjà offert ses services à Plombières et à Aix-les-Bains, ce qui n’en fit pas davantage un musicien vosgien ou savoyard… Quant à Roger Désormières, s’il fut un authentique compositeur de grande valeur, il quitta très tôt son Vichy natal pour ne plus jamais y revenir. Sa carrière s’est intégralement déroulée à Paris et il n’existe aucune trace de son implication dans la vie musicale vichyssoise. Il est comparable, sur ce point, à André Ganne (1862-1923), né à Buxières-les-Mines, mais qui passa son enfance à Issy-les-Moulineaux avant de s’installer définitivement dans la capitale, ainsi qu’à André Messager (1853-1929) dont Montluçon s’enorgueillit tant, alors que l’auteur de « Véronique » partit faire ses études à Paris et ne remit plus les pieds dans sa ville natale. Michel-Auge Laribe, son biographe, écrit, à propos des racines auvergnates de Messager : « Messager est né par occasion dans le Bourbonnais : il n’y a rien de plus drôle que de déguiser ce Parisien en Auvergnat. Messager n’est absolument pas auvergnat". CQFD.
À l'exact
opposé,
un George Onslow,
pourtant si injustement oublié par ses compatriotes, fait figure d’Auvergnat
fidèle et militant : jouissant de son vivant d’une renommée
internationale dont ni Chabrier ni Canteloube n’ont jamais bénéficié,
côtoyant l’élite européenne du monde musical, appelé à tous
les honneurs, Onslow n’a jamais cédé aux sollicitations
héliocentristes qui auraient dû faire de lui une des illustrations
de son temps en résidence à Paris. Ses appartements clermontois
et ses résidences de campagne sur les rives de l'Allier, Onslow
ne les abandonna jamais, tout attaché qu’il était à cette
belle région où il s’illustra toujours par sa générosité et
son souci de l’engagement. Le musicien brillant qu’il était
participa activement à la vie musicale de Clermont-Ferrand, dans la
mesure des faibles moyens de celle-ci : il fonda sa première Société philharmonique
en 1849, donna des récitals, dirigea ses propres œuvres au Théâtre
municipal, fit profiter de ses lumières tous ceux qui vinrent le consulter
; le citoyen prit sa part de responsabilité dans les affaires publiques
de l’époque en se faisant élire maire de Mirefleurs,
et conseiller municipal à Pérignat-es-Allier, Mirefleurs et
Clermont, se préoccupant des tracas quotidiens de ses administrés
; l’homme,
enfin, fit un mariage auvergnat, de même que ses deux filles et son
fils, ancrant le nom des Onslow dans le paysage (culturel) auvergnat durant
plus
d’un siècle. Sa musique porte elle aussi des marques de cet
attachement : les menuets de ses trois quatuors Opus 10 sont bâtis
autour de trois “Airs
des montagnes d’Auvergne”, et il composa des variations sur un “Air
populaire des montagnes d’Auvergne” qui forment le troisième
mouvement de son deuxième Trio Opus 14 : autant de témoignages, rares à cette époque, de la curiosité attachante d’un compositeur pour les musiques de l’oralité. L’appartenance d’Onslow à l’Auvergne est une de celles qui redonnent un sens à l’authenticité des racines qui peuvent unir un homme à sa terre natale. Ce grand Monsieur de notre Histoire de
la musique devrait être
une fierté de l’Auvergne, et cependant il est encore loin d’être
aussi populaire que Chabrier et Canteloube dans nos contrées : c’est
un peu pour cette raison, mais aussi parce que ses quatuors et ses quintettes
sont autant de chefs-d’œuvre du répertoire chambriste,
que nous nous attachons, au sein du Quatuor Prima Vista, à lui rendre
la place qui lui revient de droit. 2 Entreprise
ardue et dont l’issue est encore incertaine. Et cela d’autant
plus qu’un nouveau “cas” se présente aujourd’hui.
Cette ingratitude de l’Auvergne pour ses fils les plus remarquables et
les plus fidèles vient en effet de trouver une nouvelle illustration
en la personne d’Henri Thévenin - compositeur vichyssois, né en
1922 et décédé - dans un silence complet - en 1993. Nous
nous proposons ici de lui redonner un nom et un visage. 3
*
Partition
autographe du Quatuor en sol d'Henri Thévenin
- Collection particulière -
Qu’il me soit permis ici de retracer les circonstances dans lesquelles j’ai fait connaissance de ce musicien, ou plus exactement de sa musique. C’était en 1998 : je flânais au Marché aux puces des Salins lorsque mon regard fut attiré par le coin supérieur d’une feuille de papier à musique sur laquelle je reconnus le groupe de quatre portées qui forment le dessin caractéristique d’un système de conducteur pour quatuor à cordes. Cette feuille dépassait d’un fatras de vieux papiers amoncelés sans ordre et surtout sans soin au fond d’un container en acier, du modèle utilisé sur les chantiers pour charger les gravas. Je retirai de ce chaos ce qui s’avéra être un épais cahier de feuilles de musique sur la couverture duquel je lus, rédigé au crayon à papier d’une main hâtive : “H. Thévenin. Quatuor en sol”. Passablement surpris par cette découverte, je m’empressai d’ouvrir le recueil et découvris ce qui se révéla immédiatement être le conducteur d’un quatuor à cordes complet. Sans plus attendre, j’acquiers, pour une somme insignifiante, le précieux manuscrit. Rentré chez moi, je me plonge dans la lecture, sur table, de cette découverte pour le moins impromptue : tracé d’une belle écriture, avec élégance et néanmoins précision, le quatuor ritrovato se déroule sous mes yeux tout au long de ses quatre mouvements. La netteté des idées musicales, le contour solide des développements, une harmonie mêlée d’une grâce désuète et parfois d’âpreté modale, une tendance naturelle quoiqu'un peu systématique au contrepoint, une vie rythmique pleine de fraîcheur - tels sont les aspects qui me marquèrent lors de cette première confrontation avec le texte musical de cette partition. Je dois ajouter qu’un indice aiguisa ma curiosité avant même “d’écouter” ce quatuor : il était écrit, en haut de la première page : “Henri Thévenin. 64, Av. J.B. Bulot - Vichy (Allier)”. Voilà qui modifiait considérablement la perspective ! Qu’est-ce à dire ? Un compositeur avait vécu à Vichy et la partition autographe d’un quatuor portant son nom était venu se perdre dans un vide-grenier ? Cela n’aurait rien été s’il s’était agi d’une petite pièce de salon pour piano ou d’une chansonnette - mais un quatuor à cordes ?! Il y avait là un mystère trop grand pour ne pas en chercher le fin mot, et cependant la partition resta sur les rayons de ma bibliothèque durant près de six ans : certes, il m’arriva de la montrer à des visiteurs, mais sans éveiller un bien grand intérêt. Lorsqu’enfin vint le moment de préparer le programme de la saison clermontoise 2004-05 du Quatuor Prima Vista, et plus particulièrement du concert que nous consacrons chaque année au répertoire moderne et contemporain, il me vint à l’esprit que ce serait peut-être l’occasion de créer ce quatuor en public. Le premier obstacle résidait dans le fait que nous ne disposions que d’un conducteur, ce qui impliquait la réalisation d’un matériel, c’est-à-dire des parties séparées. Ce travail ayant été réalisé, restait encore à savoir qui fut Henri Thévenin. Une première investigation révéla qu’il serait très difficile de répondre à cette question car personne ne semblait vraiment connaître cet homme qui, par ailleurs, est décédé sans laisser de descendants directs. Il fallut donc entreprendre des recherches plus poussées, tout en sachant que les sources seraient nécessairement dispersées et les archives peu nombreuses : nous en présentons ici le résultat sous la forme de ce qui constitue la première notice biographique jamais rédigée sur Henri Thévenin. 4
Henri
François Thévenin est né le 10 janvier 1922 à Vichy. À cette époque,
sa famille est installée à Randan, à la frontière
de l'Allier, où son père, Marcel Jean Thévenin (1891-1970),
exerce le métier de receveur des postes, et sa mère, Marie
Louise Fernande Thévenin, née Jallifier (1896-1951), celui
d'employée des P.T.T. Le goût de la musique s’est développé très
tôt dans son enfance et semble avoir été hérité de
la branche paternelle : Marcel Thévenin est violoniste, sa sœur
Eugénie est pianiste et un de ses frères joue également
du violon en amateur. Cette pratique instrumentale dépasse d'ailleurs
le cadre familial pour s’inscrire dans le paysage culturel vichyssois
: avant de devenir professeur de piano au Conservatoire municipal de Vichy,
la tante du futur compositeur donna des leçons privées très
courues dans les années 1930, et, durant de nombreuses années,
apporta son concours aux soirées musicales des salons vichyssois en
se produisant notamment en formation de quintette, mais également
en trio, avec son frère et le violoniste Armand Batisse, pour animer
les soirées d'opérettes au Théâtre des Fleurs
; quant à son père, il fut, le 10 janvier 1916, un des fondateurs 5 de
la Symphonie vichyssoise, une société de concerts dont la vocation
première fut d’adoucir la convalescence des blessés de
la Grande Guerre que l’on soignait à l’Hôpital militaire
et qui séjournaient dans les hôtels de la ville thermale, réquisitionnés
pour l’occasion. La paix revenue, cette société musicale
poursuivit ses activités à raison de trois ou quatre concerts
annuels donnés dans diverses salles vichyssoises, dont la Salle des
fêtes, ainsi que dans les communes environnantes (Cusset, Lapalisse)
: on pouvait y entendre le répertoire traditionnel des philharmonies
de province, les symphonies de Haydn et Mozart, les ouvertures de Weber et
Rossini, et parfois même quelques grandes pages de Beethoven – sans
oublier tout un florilège de mélodies françaises, d’airs
et de duos célèbres extraits des opéras du siècle
précédent. 6 Marcel
Thévenin, qui assuma par ailleurs les fonctions de secrétaire-adjoint
puis de trésorier, se produisit donc comme violoniste durant plus
d’un demi-siècle dans les rangs de cette orchestre, ce qui lui
valut, le 4 décembre 1966, de se faire remettre la médaille
et le diplôme d’honneur des vétérans de la Confédération
Musicale de France pour 54 ans d’activité dans les sociétés
musicales ; à ses côté, sa sœur Eugénie apporta également
son concours fidèle à la Symphonie vichyssoise en tenant le
piano d’accompagnement jusqu’à la fin de ses jours : dans
le compte-rendu d’un concert donné le 31 janvier 1923 au théâtre
du Nouveau Casino (aujourd’hui Centre Valéry Larbaud), on peut
lire : « Nous mentionnerons spécialement Mlle Thévenin,
pianiste, qui accompagna avec une maîtrise remarquable tous ses camarades
exécutants. » 7 On
ne saurait minimiser l'importance de cette société de concert
dont les manifestations étaient suivies par un large public et auxquelles
assistaient les principales personnalités locales : c'est ainsi que
pour les fêtes du cinquantenaire de la Symphonie vichyssoise, qui donna
lieu à un grand concert le 4 décembre 1966 auquel participa
Henri Thévenin, on pouvait distinguer, parmi les auditeurs, le Sous-Préfet
de région, un Député de l'Allier, le Maire de Vichy,
le Président du Conseil Général de l'Allier, le Directeur
du Syndicat d'Initiative, la Directrice de l'École Mozart, le Président
de la Société Musicale de Vichy, le Président de la
Comédie de Vichy, le Président de la Société Musicale
de Bellerive, le Président de l'Union Musicale de Saint-Yorre, le
Président de la Semeuse de Cusset, le Vice-Président de la
Fédération Musicale du Centre, et une déléguée
des Jeunesses Musicales de France.
(de gauche à droite) Messieurs Bouvet, Masson,
Forge, et Marcel Thévenin
musiciens fondateurs de la Symphonie vichyssoise.
C’est donc dans ce contexte artistique que le jeune Henri Thévenin se forgea une culture musicale dont on retiendra qu’elle fut profondément influencée par les grands modèles du classicisme. Le piano sera tout naturellement son instrument et la composition l’objet d’études assidues : il s’inscrit à l’École Universelle et prend des cours par correspondance d’harmonie et de contrepoint auprès de Jean Déré (1886-1970), deuxième Second Grand Prix de Rome en 1919, qui fut également professeur de solfège et d’harmonie au CNSM de Paris de 1937 à 1956. Il s'inscrit également au Conservatoire de Clermont-Ferrand où il décroche, en 1946, un Premier Prix d'Harmonie. On devine la détermination de ce jeune homme à pénétrer les mystères de l’écriture musicale : loin de s’en tenir à une autodidactie superficielle et lacunaire, Henri Thévenin choisit volontairement de se soumettre au rude apprentissage de la théorie, comme l'avait fait Onslow lorsqu'il décida de confier sa formation au grand pédagogue et contrapuntiste Anton Reicha. Le métier ainsi acquis lui permit de donner libre cours à une inspiration qui, de toute évidence, sommeillait en lui, et le 24 octobre 1951, il entra à la SACEM comme compositeur. Il portait alors le pseudonyme de Charly Bliss. 8
On
ne connaît pas encore la totalité du catalogue d’œuvres
d’Henri Thévenin, mais on sait qu’en 1968, il était
déjà riche de pièces orchestrales : un Nocturne (1952),
une suite de pièces de caractère (“Chez l’Antiquaire” -
1953 9), un
poème symphonique (“Jéricho” - 1959), et un opéra
de poche pour orchestre (“Evviva la Scala !”) ; de deux quatuors à cordes
(celui en sol, de 1952, et un deuxième “dans le mode de mi” toujours
porté disparu à ce jour ...) ; de trois recueils pour piano ("Maquis" -
1940-45, “La petite ville en cartes postales” - 1951 10,
et “Chemins” d'après des poèmes de Sabine Sicaud 11)
; et d’un cycle de vingt mélodies pour piano et soprano sur des
poèmes de son amie Frédérique Menneval auquel il faut
encore ajouter près d'une trentaine de mélodies. On ne peut qu’être
impressionné et cependant intrigué par une telle liste : comment
une production de cette nature a-t-elle pu passer totalement inaperçue,
surtout à Vichy où la vie musicale ne fut jamais aussi florissante
que durant ces décennies ? Non pas qu’Henri Thévenin ait été absent
du paysage local : en 1953, il rejoignit les rangs de la Symphonie vichyssoise
où lui fut confié le rôle de répétiteur lors
des séances de travail et au sein de laquelle, à partir de 1965 12,
il tint la partie de piano-conducteur lors des concerts pour soutenir les pupitres
clairsemés des violoncelles et jouer les à-défauts « avec
son incomparable maîtrise » 13 ;
la même année, il fut nommé membre de la Comission artistique,
ce qui fit de lui « un symphoniste à part entière ». 14 Il
fut par ailleurs organiste titulaire du Temple protestant de Vichy, et il n’était
pas rare qu’on l’entende improviser sur les orgues de Saint-Blaise
ou Saint-Louis ; il ne refusa jamais son aide aux chorales locales qui le sollicitaient
pour accompagner leurs répétitions : l'une d'elles, constituée
en association sous le nom de "Diapason", était animée
par Yvonne Gondat, professeur honoraire de chant choral et amie du compositeur,
qui se rappelle à ce sujet qu'Henri Thévenin "a été un
merveilleux répétiteur, reprenant patiemment et gaiement autant
de fois qu'il le fallait, nous consacrant beaucoup de temps. J'ai eu beaucoup
de joie à chanter personnellement, accompagnée par son piano,
si vivant. Le souvenir qu'il a laissé à tous
les participants d'alors est resté tout à fait extraordinaire." Enfin,
on ne peut douter que ses talents n'aient été reconnus par les
représentants du corps pédagogique local puisque, en tant que
compositeur sociétaire de la SACEM, il fut régulièrement
invité à siéger au jury de la classe d’écriture
du Conservatoire municipal de musique, notamment à l’époque
où celui-ci était dirigé par André Relin. 15
Mais
qu’en était-il de sa musique ? De ses propres créations
? Elles semblent avoir été complètement occultées,
en dépit de ses efforts pour les faire connaître, notamment à l'occasion
d'un concert sans lendemain donné dans la Grande Salle de l'Arlequin
au Théâtre de Vichy à la fin des années 1950. Certes,
nous avons pu retrouver les dates d'exécution de quelques-unes de ses
pièces en première partie des concerts de la Symphonie vichyssoise,
notamment le 5 mars 1972, le 29 avril 1973, et le 13 janvier 1974, chaque fois
au Centre Culturel Valéry Larbaud : au
premier de ces concerts, Henri Thévenin joua les sept pièces
de sa suite "Chemins" ; dans la presse, on pouvait lire, quelques
jours après cette manifestation, qu'Henri Thévenin avait fait
preuve de “beaucoup de sensibilité, de maîtrise et de talent
dans l’exécution de ces morceaux très brefs et d’une
grande variété, fort prisés de l’auditoire.” 16 Au
second de ces concerts, Henri Thévenin accompagna la soprane Jeanine
Elyna et le baryton Pierre Deloger dans trois des vingt mélodies qu'il
avait composées sur des poèmes de Frédérique Menneval
: "Perfidie", "Soldats de plomb", et "La vieillesse
de Don Juan". Dans un article annonçant ce concert, un chroniqueur
local commenta : "Un de nos compatriotes, M. Henri Thévenin, interprétera
avec le talent qu'on lui connaît des morceaux inédits inspirés
par les poèmes d'une Vichyssoise trop tôt disparue, Mme Frédérique
Menneval. [...] Dans ces textes poétiques, Monsieur Thévenin
a trouvé une résonance musicale profonde. Il s'y est attaché avec
foi. Il existe selon lui, «une frontière mystérieuse séparant
le texte poétique de la musique. Et la nécessité de la
musique apparaît quand le poème s'appelle... la musique.»". 17 Une
de ces mélodies ("Soldats
de plomb") sera reprise par le même "duo
ravissant" lors du concert donné par la Symphonie Vichyssoise le
7 avril 1974, toujours au Centre culturel Valéry Larbaud : du compositeur,
la presse écrivit alors "qu'il accompagnait intelligemment les
solistes [et notamment] Jeanine Elyna, dont la voix, tout en souplesse, veloutée,
docile, est un charme pour les oreilles." 18 Une
autre fois encore, le nom d'Henri Thévenin fut inscrit à l'affiche
d'un concert de la Symphonie vichyssoise : il interpréta
en
création sa suite pour piano "Tour d'Europe", composée
sur un thème d'André Relin, alors directeur du Conservatoire
municipal de Vichy. La presse locale se fit l'écho du succès
remporté par cette "découverte musicale" : "Disons
tout de suite que cette composition est très agréable et que
le compositeur qui était également l'interprète, recueillit
des applaudissements chaleureux et mérités. Huit
mouvements se succèdent et au hasard des trouvailles, on peut sentir
l'influence de maîtres tels que Prokofieff [sic], Debussy et Ravel, mais
comment ne pas se laisser insensiblement guider par de tels maîtres ! Pourtant
Henri Thévenin possède une incontestable maîtrise de la
composition et de l'harmonie, et ses variations ont cette réussite de
paraître faciles." 19 Son Ave
Maria fut créé le 12 mars 1978 à l'occasion d'un "concert
choral et instrumental organisé au profit des œuvres des conférences
Saint-Vincent-de-Paul" en l'église Saint-Blaise de Vichy 20 :
une fois de plus, c'est Jeanine Elyna qui tenait la partie soliste, accompagnée
par des musiciens de la Symphonie vichyssoises placés sous la direction
de Victor Dutériez. Plus récemment, son quintette de cuivres
intitulé "Le Fil d'Ariane" a été créé par
le Quintette Jean-Baptiste Lully à l'occasion d'un concert donné le
7 décembre 1985 à l'Opéra Municipal de Clermont-Ferrand
dans le cadre du 4e Festival de "Musiques d'Aujourd'hui" : hélas,
Jean Mazerol, qui rédigea un compte-rendu dans La Montagne (10/12/1985),
ne fit aucun commentaire à ce sujet... Quant au Semeur Hebdo, dans son édition
du 29 novembre, on pouvait lire à propos de ce festival, cette louable
profession de foi : "L'activité créatrice musicale, si elle
a un impact au-delà de notre région sur le plan national ou international,
prend sa source d'une manière directe dans notre pays d'Auvergne".
Et de poursuivre : "Une des préoccupations des organisateurs du
festival est de montrer sur place le cheminement d'une œuvre depuis sa
conception jusqu'à sa rencontre avec le public... avec un compositeur
et un ensemble instrumental [...] résidant tous en Auvergne." On
s'attendrait donc enfin à ce que le nom d'Henri Thévenin soit
légitimement mis en avant, mais il n'en fut rien : il n'apparaît
d'ailleurs pas une seule fois dans cet article, pas plus que dans celui qui
parut la semaine suivante pour annoncer à nouveau les concerts de ce
festival. C'est de deux autres personnalités dont il est question dans
ce communiqué : Jean-Claude Amiot, directeur du Conservatoire de Clermont,
et Daniel Meier, "compositeur local", dont
deux œuvres furent effectivement créées respectivement les
4 et 10 décembre dans le même contexte. Une fois de plus, donc,
Henri Thévenin passa "à la trappe".
Ces rares apparitions d'Henri Thévenin à l'affiche ne furent finalement que des occasions isolées qui ne lui permirent pas d’obtenir la reconnaissance à laquelle il pouvait légitimement prétendre. Les seules distinctions honorifiques de sa carrière d'artiste auront été une Médaille d'argent de la Fédération Musicale du Centre, et la Médaille d'Honneur des Sociétés Musicales et Chorales qui lui fut attribuée en 1973 par le Ministère de l'Éducation Nationale en récompense de ses vingt années de "service" au sein de la Symphonie vichyssoise - autrement dit sans rapport aucun avec son activité de compositeur.
La saison d'été à Vichy lui offrait néanmoins la possibilité de faire des rencontres intéressantes avec les nombreux artistes en résidence qui assuraient les concerts, les productions lyriques et chorégraphiques, et il n'était pas rare qu'il approchât un de ces hôtes prestigieux pour lui soumettre une de ses compositions, ou tout simplement pour partager, le temps d'un entretien, sa passion de la musique. C'est ainsi que, dans les années 1960, il fit la connaissance, entre autres, de Louis de Froment (1921-1994), directeur artistique de l'Orchestre de la Radio Luxembourgeoise, et de Pierre Ganzoinat, membre du Sextuor à Vent de Dijon à qui il confia sa Cantilène et sa Canzonetta pour basson et piano, et qu'il songea envoyer sa partition d' "Evviva la Scala" à Joseph Lazzini, maître de ballet à l'Opéra de Marseille. Mais ces contacts éphémères restèrent sans suite.
Ignoré, relégué dans l'ombre, Henri Thévenin fut également incompris par ses pairs : lui qui composa des œuvres symphoniques, de la musique de chambre et de nombreuses mélodies, on ne le sollicita jamais pour son génie créateur mais seulement pour ses talents d'excellent lecteur à vue. C'est ainsi qu'il prêta son concours d'accompagnateur à la troupe théâtrale de Magnet dans des productions d'opérettes ("La Mascotte", "Les Cloches de Corneville", "Chanson d'Amour") qui furent représentées dans les années 1983-1986 notamment au Théâtre de Cusset 21, ou bien encore au Centre Culturel Valéry Larbaud lorsqu'une vedette de variété était de passage : en 1963, on lui demanda par exemple de participer à un récital de La Houppa 22 en lui précisant "qu'il est quelquefois nécessaire de transposer à vue pour accompagner cette chanteuse fantaisiste"... 23 Tels furent donc les modestes emplois alimentaires que dut accepter de bon cœur l'auteur de "Jéricho" et du Quatuor en sol pour améliorer son ordinaire, tandis que ses partitions continuaient d'être pour ainsi dire ignorées. On ne peut nier le fait que la musique d'Henri Thévenin ait été trop complexe pour trouver sa place dans le contexte culturel d'une ville de province : Jean Caillot, un des violonistes appartenant à la Symphonie vichyssoise et fabricant de cadres par ailleurs, ne suggéra-t-il pas, dans un courrier adressé en 1963 au Président et au Directeur de son orchestre, que les programmes des concerts soient "composés de morceaux très mélodiques et plaisants au public" ? On devine, derrière cette formulation d'une sympatique franchise, le gouffre qui séparait les attentes des Vichyssois et les ambitions artistiques de Thévenin. On regrettera seulement que les représentants des institutions locales, les programmateurs des saisons culturelles, les quelques musiciens professionnels et les journalistes n'aient pas su faire preuve de clairvoyance à son égard.
Se trouvant donc dans l’impossibilité de “vivre de sa musique”, Henri Thévenin donna également des leçons de composition et d'harmonie à domicile, mais surtout exerça une profession annexe - celle de relieur. Un petit atelier était installé dans le jardin de son pavillon du Quartier de France et le souvenir du soin méticuleux qu’il mettait à réaliser ses reliures est resté dans les mémoires. Il était notamment réputé pour la qualité de ses dorures. Toutefois, il pratiqua cette activité "alimentaire" en travailleur indépendant et de façon irrégulière : à aucun moment il ne fut inscrit au registre du commerce.
Programme de la Symphonie vichyssoise
(concert du 5 mars 1972)
Il ne faudrait pas non plus oublier une autre facette de la personnalité créative d’Henri Thévenin qui fut également un homme de plume : c'est d'ailleurs comme auteur qu'il entra tout d'abord à la SACEM le 24 janvier 1947. Il n’avait que 22 ans lorsqu'il fit publier, aux éditions Marcel Didier, un premier recueil de poèmes (“Le seul Horizon”) à propos duquel, Paul Ruhlmann écrit, dans la préface : « Ce qui demeure, lorsqu’on referme le recueil que voici, c’est une joie magnifique, une pureté de prière et d’abandon, une volonté de grandeur qui ne trompent point : Thévenin est un poète et un homme qui exige notre affection. » En 1947, son second recueil (“Les Dahlias bleus”) fait l'objet d'un tirage par l'imprimerie G. Collon de Vichy. 24 Un exemplaire de ce deuxième ouvrage est conservé à la Bibliothèque Valéry Larbaud de Vichy : il porte une dédicace de l’auteur qui nous renseigne sur ses liens avec les cercles littéraires vichyssois : “À Frédérique Menneval, en souhaitant que la musique et la poésie de ce témoignage d’émotion se fondent en une seule harmonie au royaume sensible de son cœur.” Henri Thévenin fut donc un proche (un intime ?) de cette poétesse qui vécut longtemps à Vichy 25, et l’on ne peut douter qu’il fréquenta d’autres personnalités telles que Anna Teyssier dont les textes parurent dans les mêmes feuilles de la presse érudite. Outre les deux recueils évoqués ci-dessus, plusieurs poèmes d’Henri Thévenin parurent dans des anthologies : « Méandres et remous », en 1974, où son nom côtoie notamment ceux des Bourbonnais Jean-Claude Joannin, Jeanine Lamousse et Manon Mallet de Vazeille 26, et « Quand les vieux s’en mêlent … » en 1981, en compagnie cette fois d’Anna Teyssier et Jean Blocher. Résolument classique, sa poésie n’en était pas moins appréciée, ainsi qu’en témoigne ce jugement paru dans les Cahiers du Bourbonnais et du Centre : « Rares sont ceux qui connaissent les poèmes de H. Thévenin. C’est la perfection dans la poésie, comment choisir parmi tant de beauté ? C’est du meilleur Baudelaire. » 27 Par ailleurs, Henri Thévenin fut également l’auteur de 19 contes dont sept furent publiés entre 1966 et 1979 dans la revue culturelle vichyssoise Rayons 28 , et un huitième dans les Cahiers du Bourbonnais et du Centre 29 - les autres étant restés inédits. Un recueil de ces contes avait bien été annoncé en 1947 par les éditions G. Collon de Vichy sous le titre « Chevauchées médiévales », mais il ne semble pas avoir été publié.
De même
qu’il fut une figure importante de la
vie musicale vichyssoise, il ne fait aucun doute qu’Henri Thévenin
occupa une place non négligeable dans le paysage littéraire de
sa ville natale. Son accointance avec les cercles littéraires de Vichy,
et notamment les membres du groupe "Poésie vivante" 30,
est attestée par sa fréquentation des poètes Marcel Vizier 31 et
Bohuslaw Szpiega 32, à chacun
de qui il dédia un de ses contes. Mais on retiendra surtout qu’il
figure parmi les « 175 Poètes bourbonnais » retenus par
Germaine Gozard et René Varennes pour leur anthologie poétique
parue en 1988. 33
Les
Blés …
Les blés s’affirment dans la vie,
Ton chant mûrit sous la lumière :
Demain, quelles moissons plénières
En l’âme illimitée du monde,
Au cœur insatisfait de l’homme ... 34
Yvonne Gondat et Henri Thévenin sur la scène
du Théâtre de Cusset, après une représentation
de "La Mascotte"
(15 avril 1983)
***
Henri
Thévenin décède le 26 août 1993 à son domicile
de l’avenue Jean-Baptiste Bulot 35 -
célibataire : son corps ne fut retrouvé que le 8 septembre et
ses obsèques eurent lieu le 15 septembre au Temple protestant dont il
avait fidèlement animé les offices durant tant d’années.
Ce jour-là, l'audience fut nombreuse pour rendre hommage à Henri
Thévenin : le Maire de Vichy, tous les professeurs de l'École
de Musique de Vichy, le Directeur de l'École de Musique de Cusset, et
tout "un parterre de musiciens" assistèrent à cette
cérémonie. Le Temple était "plein à craquer",
se rappelle encore Yvonne Gondat. On regrettera simplement que cette reconnaissance
posthume n'ait que rarement profité à Henri Thévenin de
son vivant et qu'elle soit restée sans lendemain. Sa dépouille
repose au cimetière de Vichy, auprès de celles de son père
et de sa mère, dans le caveau familial ainsi qu'en atteste l'extrait
d'inhumation. Personne cependant n’a jugé utile d’inscrire
son nom sur la tombe ... Dans la presse locale, c'est le même silence
: en dehors d'un laconique article nécrologique paru le 14 septembre
1993 dans son édition de Vichy, le quotidien La Montagne ne publia pas
un mot pour honorer la mémoire de cet artiste local auquel
il ne se sera d'ailleurs guère intéressé. Un an plus tôt,
la Symphonie vichyssoise, dont les activités s'étaient considérablement
amenuisées, avait été dissoute. Avec cette double disparition,
c'est toute une époque qui s'acheva "sans tambour ni trompette" et
une page de l'Histoire culturelle vichyssoise qui fut tournée.
*
Les témoignages de celles et ceux qui l’ont
connu nous dépeignent Henri Thévenin comme un homme cultivé, élégant
et courtois, toujours disposé à faire un bon mot 36,
et néanmoins très discret. Yvonne Gondat évoque en ces
termes le souvenir de celui qui tint les orgues du Temple protestant réformé de
Vichy durant près de trente ans : "Ce qu'il a été ?
Fidèle, régulier, joyeux ... et désinteressé !
C'était un grand Maître qui riait quand je l'appelais Maestro ;
qui brillait dans l'improvisation et la composition à la manière
de Bach mais aussi à sa manière propre. [...] L'idée
de concurrence ou de rivalité ne l'effleurait jamais." À la
lumière des témoignages, il semble évident qu’Henri
Thévenin fut un homme sociable et apprécié, même
si le décès de son père en 1970 le laissa dans une solitude
dont il ne parvint pas à se sortir et qui le plongea peu à peu
dans la dépression. Durant les dernières années de sa
vie, marginalisé et de plus en plus ignoré, en dépit
du soutien moral que lui apportait un petit cercle de fidèles, notamment
au sein de la communauté protestante, Henri Thévenin sombra
dans une déchéance physique qui le mit au ban de la société des
hommes : ceux qui l’avaient connu dans sa jeunesse et sa maturité regrettent
encore aujourd’hui ce déclin ; ceux qui ignoraient son talent
ne conservent de lui que l’image d’un homme ravagé et
misérable, vivant une existence recluse en compagnie d'une demi-douzaine
de chats (certains disent quatorze) qu'il emmenait partout avec lui à tour
de rôle dans une cage à oiseaux . À la fin de sa vie,
vivant sans doute dans la gêne, Henri Thévenin ne se chauffait
plus, son jardinet était en friche, et il ne dût sa survie,
dans des conditions fort modestes, qu'aux visites, de plus en plus espacées,
d'une assistante sociale diligentée par les services sociaux de la
municipalité.
Dans sa musique comme dans sa poésie, Henri Thévenin se montre un héritier du classicisme formel, tout en adoptant certaines tournures stylistiques modernes : cette alliance du passé et du présent semble avoir été au centre de ses préoccupations d’artiste créateur. Dans une interview accordée en 1968 à la revue culturelle Rayons, il s'exprima en des termes qui ne laissent aucun doute quant à ses options esthétiques : “[Je] regrette que la musique contemporaine se coupe de plus en plus de ses racines, et [je] crois encore aux vertus de la mélodie et de la couleur harmonique." 37 Un discours bien peu fédérateur au beau milieu de ces années soixante dont on se souvient aujourd’hui, avec un certain amusement teinté d’agacement, comme d’une période marquée par des expériences de création musicale stériles et probablement sans postérité, quoique très abondamment médiatisées en leur temps. De nos jours, Henri Thévenin bénéficierait d’une bien meilleure audience, notamment au sein de ce qu’on appelle le mouvement néo-tonal. La redécouverte de son œuvre constitue à n’en point douter un objectif important, et à ce titre je ne saurais trop remercier le Quatuor Prima Vista d’avoir inscrit à son répertoire le Quatuor (n°1) en sol qu'il a interprété en création le 7 février 2006 au Centre Culturel Valéry Larbaud de Vichy, puis à Montluçon le 9 février et enfin à Clermont-Ferrand le 14 février 38. Il reste pourtant beaucoup à faire : diffuser certes, mais aussi enregistrer et publier peut-être. Nous savons pouvoir compter sur le soutien des Éditions (vichyssoises) du Mélophile pour concrétiser ce vaste projet qui repose entièrement sur notre capacité à réunir les partitions d’Henri Thévenin dont aucune, hélas, n’est conservée dans un fond public, et qu'il cessa de déposer à la SACEM dès le début des années 70.
Quelle que soit l’issue de cette entreprise, nous sommes heureux aujourd'hui de raviver la mémoire injustement oubliée d’Henri Thévenin - cet artiste raffiné et érudit qui “considérait l’art de composer comme une manière de vivre.” 39
Baudime Jam
Clermont-Ferrand
décembre 2004
Droits réservés pour le texte et les illustrations.
Catalogue des œuvres d'Henri Thévenin.
(avec l'aimable autorisation de la SACEM).
***
> Les
deux catalogues présentés ci-dessous
sont nécessairement lacunaires : Henri Thévenin n’ayant
pas déposé toutes ses œuvres à la SACEM, et aucun
leg n’ayant été fait de sa part au bénéfice
d’un membre de sa famille ou d’une institution publique, ce n’est
désormais plus qu’au hasard de découvertes isolées
dans des collections privées que nous pourrons compléter cette
liste, tout en sachant que plusieurs partitions et plusieurs écrits,
notamment des contes, sont hélas probablement perdus pour toujours.
CATALOGUE DES ŒUVRES MUSICALES D’HENRI THEVENIN
Musique vocale
20 mélodies
pour piano et soprane sur des poèmes
de F. Menneval - 19..?
30 mélodies sur des poèmes de divers auteurs (Alain Géry,
Marcel Quézat, etc.) - 19..?
Ave Maria pour soprane et sept instruments d’orchestre - 1971
Partition autographe de l’Ave Maria d’Henri
Thévenin
(composé du 23 au 31 mai 1971)
Musique pour piano
« Maquis » -
1940/45
« La Petite ville en carte postale » (six pièces) - 1951
- recueil
imprimé par A. Brousse (Bordeaux) et gravé par C. Baumet, à compte
d'auteur
« Chemins » (sept pièces) - ? (avant 1972)
« Tour d’Europe » (huit variations sur un thème d’André Relin)
- 1974
Musique de chambre
Quatuor (n°1)
en sol mineur - 1952
Quatuor (n°2) dans le mode de mi - 19..?
Cantilène et Canzonetta pour basson et piano - 1961
"Le Fil d'Ariane" (Quintette de cuivres) - créé en 1985
Musique orchestrale
Nocturne - 1952
« Chez l’antiquaire » - Suite en huit mouvements - 1953
« Jéricho » - Poème symphonique - 1959
« Evviva la Scala ! » - Opéra de poche pour orchestre -
1964
Couverture de la partition autographe d’ « Evviva
la Scala »
-
Collection particulière
-
CATALOGUE DES ŒUVRES LITTERAIRES D’HENRI THEVENIN
Poèsie
« Le seul Horizon » (recueil)
- 1944
« Les Dahlias bleus » (recueil) - 1947
« Définitionnaire Musical » - pub. 1969
Contes
(7 répertoriés sur 19)
« Brunehilde » -
pub. 1967
« Akerneuil » - pub. 1970
«
La foire de Saint-Mathias » - pub. 1971
« Une queue de lézard » - pub. 1978
« La Dame de jais » - pub. 1979
« Le Golem » - pub. 1979
« La Chèvre d’or » - pub. 1983
***
1. À propos
d'Antoine Lhoyer (1768-1852), on lira
avec profit l'article de Jean-Louis Jam intitulé "Les
vies parallèles d'Antoine (de) Lhoyer" paru en 1998
sous l'égide du C.R.R.R. (Université Blaise Pascal
- Clermont-Ferrand), à l'occasion d'un concert d'œuvres
de Lhoyer organisé le 17 mai 1998 à la Salle Georges
Guillot. Également instructifs, l’article de Matanya
Ophee publié en 1990 dans le magazine américain Soundboard
(vol.17 #3), et la monographie rédigée en 2002 par
le guitariste suédois Erik Stentadvold et publiée
la même année aux Éditions Orphée. On
notera par ailleurs que le Quatuor Prima Vista et le guitariste
argentin Miguel Garau ont créé à Clermont-Ferrand
le Concerto pour guitare opus 16 d'Antoine Lhoyer dans sa version
originale pour guitare et quatuor à cordes : c'était
le 20 mars 2003 à la Bibliothèque Massillon. Ils ont ensuite été invités à rejouer cette œuvre en Russie, à Samara, Nijni-Novgorod, Oulianovsk, Togliatti (2006) et Saint-Pétersbourg (2012), ainsi que dans plusieurs festivals (notamment Labaume en Musique).
2. Lire à propos
de George Onslow la biographie que Baudime Jam lui a consacrée
et qui est parue aux Éditions du Mélophile en 2003. (564 pages
- ISBN : 2-9520076-0-8), ainsi que son nouvel ouvrage, "George Onslow et l'Auvergne" (472 pages
- ISBN : 978-2-95200-767-7). Renseignements et commande par email.
Informations détaillées sur le site du Quatuor Prima Vista.
3. En
2004, le Cercle généalogique et héraldique du
Bourbonnais a publié un ouvrage intitulé La Grande
famille des musiciens bourbonnais : hélas, le nom d’Henri
Thévenin en est absent… De la même façon, la liste des "Musiciens et compositeurs Auvergnats connus et inconnus" que l'on peut consulter sur le site de l'Association George Onslow fait mystérieusement l'impasse sur Henri Thévenin.
4. Cette
notice biographique est basée sur les recherches que nous avons
effectuées aux Archives municipales de Vichy, à la Bibliothèque
Valéry Larbaud de Vichy, dans les archives de la Symphonie vichyssoise,
au Fond régional de la BMIU de Clermont-Ferrand, à la BNF
de Paris, sur le site Musica et Memoria, mais également sur les
témoignages recueillis auprès de Mesdames Carcone, Coulon,
Delosme, Farge, Gondat, Hébrard, Relin et Tardivat, et de Messieurs
Billard, Corre, Fonta, Geneste, Huet, Nebout, Ragonnet, Talon et Vallet.
Nous tenons également à remercier Valérie Tantot
qui nous a permis d'obtenir certains documents iconographiques, ainsi
que Dominique Jayles qui nous a facilité ces recherches en étant
notre guide à Vichy.
5. Le
président-fondateur de cette société musicale fut Claude
Demonet, luthier aveugle qui exerçait sa profession à Vichy.
C’est Monsieur Jeanjean, « premier prix du Conservatoire National
de Paris », qui assura le premier la direction musicale de cet orchestre.
6. À titre d'exemple,
la Symphonie vichyssoise placée sous la direction de Victor Dutériez
donna en 1972 un concert au programme duquel figuraient l'Ouverture de Sémiramis de
Rossini, la Symphonie "L'Horloge" de Haydn, la Marche Militaire de
Schumann, et une série de mélodies : Nicolette de
Ravel et Aurore de Fauré interprétées par la
soprane Jeanine Elyna (nom de scène de Jeanine Tardivat), L'Invitation
au voyage de Duparc et Le beau rêve de Schubert interprétées
par le baryton Pierre Deloger, et enfin deux duos, La troublante chanson de
Schubert et le Duo de l'âne extrait de Véronique de
Messager. Ce type d'affiche rattache directement la Symphonie vichyssoise à la
tradition des Sociétés philharmoniques du XIXe siècle.
7. Coupure
de presse non identifiée (archives de la Symphonie vichyssoise).
8. Dossier
n°24136,
Catalogue papier de la SACEM, Châteaudun (cf. cliché ci-dessus).
Nous remercions Monsieur Pezet ainsi que Madame Neuville (1960-2005) qui
nous ont facilité l'accès à ce document utilisé ici
avec l'aimable autorisation de la SACEM.
9. Les
huit mouvements de cette suite sont intitulés respectivement : "De
Vitrine en vitrine", "La Panoplie", "Le Miroir de Venise", "La
Causeuse", "L'Épinette", "L'Horloge", "L'Estampe
galante", et "Les Girandoles".
10. Cette
suite est composée de six pièces : "Le Vieux château", "Le
Jardin public", "La Mairie", "L'Église", "L'École",
et "La Gare fleurie". Henri Thévenin en fit graver et imprimer
un tirage limité à compte d'auteur : nous n'en connaissons
actuellement qu'un exemplaire.
11. Respectivement
: "Le chemin du Cèdre", "Le chemin du Guerrier", "Le
chemin du Roseau", Le chemin du Crève-Cœur", "Le
chemin de l'Est (la Troïka)", "Le chemin de l'Amour",
et "Le chemin des Chevaux".
12. Henri
Thévenin succéda dans ce poste à sa propre tante, Eugénie
Caillau, née Thévenin, décédée le 25 septembre
1965.
13. Rapport
moral de la saison 1966-1967 présenté par Ginette Farge,
secrétaire, lors de l’Assemblé Générale
du 26 avril 1967. (Archives de la Symphonie vichyssoise).
15. André Relin
fut également chef de l’Harmonie municipale de Vichy et il
dirigea pendant quelques années la Symphonie vichyssoise avant de
céder sa place à Victor Dutériez (1907-2004).
16. La
Montagne, 7 mars 1972, édition de Vichy. Cet article non signé etait
probablement un texte rédigé par le secrétariat
de la Symphonie vichyssoise : il est d'ailleurs reproduit presque à l'identique
dans le numéro de L'Espoir du 8 mars 1972. Figuraient également
au programme de ce concert, l'Ouverture du Domino noir d'Auber,
une Fantaisie sur L’Arlésienne de Bizet, de “larges
extraits” du ballet de Faust de Gounod, plusieurs arias
chantés par la soprano Alice Rouchon, un menuet et une gavotte
d'Eugène Métot, autre figure de la vie musicale locale
qui dirigea longtemps la Société municipale de Vichy
et celle de Bellerive.
17. La
Montagne, 28 avril 1973, édition de Vichy. Article signé A.
U. Assistèrent à ce concert de clôture de la saison
1972-73 de la Symphonie vichyssoise, dont les activités étaient
suspendues pendant la saison thermale, de nombreuses personnalités
locales : Mr André Relin, président de la Confédération
musicale du Centre et directeur de l'Harmonie municipale de Vichy ;
Mr Boutiller, directeur de «La Semeuse» de Cusset ; Mr
Peuchet, vice-président d'honneur de la Société musicale
; et plusieurs officiels, représentant la Préfecture
et la Municipalité. Ce soir-là, on put également
entendre l'Ouverture de L'Enlévement au Sérail de
Mozart, la Petite suite de Debussy, un Prélude de
Rachmaninov, l'Humoresque de Dvorak, la Petite musique
de nuit de Mozart, deux Mazurkas de Wieniawski interprétées
par le violoniste Charles Lévy, professeur au Conservatoire
municipal de Vichy et 1er Prix du Conservatoire de Casablanca (sic),
une sélection des principaux airs de l'opéra comique Les
Saltimbanques de Louis Ganne, et plusieurs arias et duos interprétés
par Jeanine Elyna et Pierre Deloger.
18. La
Montagne, 12 avril 1974, édition de Vichy. Article signé R.
L.
19. L'Espoir,
janvier 1974, article signé Jean Joyeux, pseudonyme de Marcel Bédard,
violoncelliste et chansonnier. Les huit mouvements de cette suite sont intitulés
: "Aubade à Salzbourg", "Ciel anglais", "Parade
de cirque à Brno", "Chanson napolitaine", "Marche
de fête à Séville", "Comptine du Poitou", "Chanson
russe", et "Danse irlandaise". Les autres œuvres au programme étaient
l'Ouverture de La Dame blanche de Boieldieu, la Symphonie "L'Horloge" de
Haydn, O Salutaris de Gossec, la Suite orientale de F.
Popy, et une Fantaisie sur les motifs de l'opérette Princesse
Czardas de E. Koilman.
20. La
Montagne, 16 mars 1978, édition de Vichy.
21. Les
productions des "Cloches de Corneville" (1983-1984), de "La
Mascotte" (1984-1985) et de "Chanson d'Amour" (1985-1986)
tournèrent dans cinq communes voisines de Vichy : Magnet, Cusset,
Saint-Pierre-Laval, Créchy, et Chassignol. En outre, "Les Cloches
de Corneville" fut représentée lors de la fête
de la F.A.L. à Varennes-sur-Allier.
22. De
son vrai nom Marcelle Capronnier, l'interprête de "As-tu
ton Pou ?", dite La Houppa, est née le 29 mai 1900 à Vitry-sur-Seine
et décédée le 18 juillet 1987 à Paris. Elle fut
chanteuse "Vedette de la Radio et des Disques IDÉAL", et
actrice dans quelques films : Le Ruisseau (1938) de Claude Autant-Lara, Le
Mensonge de Nina Petrovna (1937) de Victor Tourjansky, Les Misérables (1934)
de Raymond Bernard, et Les Casse-pieds (1948) de Jean Dréville.
Elle est également auteur d'un ouvrage autobiographique : Promenade
dans ma vie, (Paris, 1963).
23. Lettre
de Léo Martinez (1920-2001), Directeur du Centre Culturel Valéry
Larbaud (1961-1985), à Henri
Thévenin, datée du 21 mai 1963. Le compositeur a réutilisé ce
courrier comme brouillon pour y jeter les esquisses de son poème symphonique "Jéricho" (cf.
ci-dessous) : ce document résume, non sans ironie, l'incompréhension
totale dont Henri Thévenin fut victime de la part même de ceux
qui se présentaient comme ses "amis".
- Collection particulière -
24. Certains
de ces poèmes parurent à nouveau dans la revue Rayons (n°49-50,
1981). Léo Martinez était le rédacteur en chef de cette revue qu'il avait
créée en 1965.
25. On
sait peu de chose sur Frédérique Menneval (pseudonyme
de Léonie Pouillat) si ce n'est qu’elle est née à Clermont-Ferrand
le 5 juin 1898, qu'elle vécut à Vichy (rue Antoine-Jardet)
dans l'entre-deux guerres et qu'elle mourut à Pessac, en Gironde,
le 26 juillet 1965, des suites d'une longue maladie. Dans sa jeunesse,
elle résida à Paris où elle se consacra à l'écriture
de textes pour des musiciens ; en 1936, elle fit paraître un
recueil intitulé «Méandres» aux Éditions
de l'Époque, préfacé par René Barbin. Son
catalogue contient essentiellement des inédits, même si
certains de ses textes eurent les honneurs d'une diffusion, notamment
une nouvelle intitulée «Une bonne affaire» qui fut
publiée le 24 août 1937 dans Le Progrès de l'Allier.
Afin de rendre hommage à cette poétesse à qui
il témoigna souvent son estime, Henri Thévenin fit paraître,
en la préfaçant, son œuvre poétique complète,
soit 44 poèmes ”tirés d’un carton où ils
someillaient depuis trente ans, […] et tous d’une facture
magistrale” (L’Estudiantina, 1974, Poésie
- Musique – Musicothérapie), Cinq ans plus tard, deux
de ces poèmes parurent à nouveau dans la revue Rayons
(n°39), à nouveau à l’instigation d’Henri
Thévenin.
26. Cette
anthologie, parue chez l’éditeur S. Collignon, proposait également
des textes des « jeunes poètes vichyssois » Patrick Reinhart,
Joannin, Didier Mocelin et Michel Talon, fondateur du groupe "Poésie
vivante".
27. Les
Cahiers du Bourbonnais et du Centre, n°71, 3e trimestre 1974,
p.349.
28. À ce
jour, nous avons recensé six de ces contes : ”Brunehilde” (n°13,
1967), ”Akerneuil” (n°23, 1970), “La Foire de Saint-Mathias” (n°28,
1971), “Une Queue de lézard” (n°36, 1978), “La
Dame de jais” (n°39, 1979), et “Le Golem” (n°42,
1979).
29. in“La
Chèvre d’or” (Les Cahiers du Bourbonnais et du Centre,
n°105, 1983).
30. Ce
cénacle de plumes bourbonnaises publiait également une revue
dont le fondateur et l’animateur était le poète vichyssois
Michel Talon (1949-).
31. Docteur-es-lettres,
professeur de philosophie au collège Notre-Dame à Montluçon,
Marcel Vizier (1930-1999) a publié quatre recueils de poèsie
dont le troisième a obtenu le Grand prix de Poésie mystique
décerné par la Société des Poètes et Artistes
de France en 1978.
32. Bohuslaw
Szpiega est né en 1922 (la même année qu’Henri
Thévenin), à Zagorzyce en Pologne : les poèmes qu’il
publia en 1958 dans le recueil « Notes poétiques » furent
mis en musique par Jean Fressinier et sont au catalogue des éditions
musicales Alphonse Leduc.
33. 175
Poètes bourbonnais, Anthologie de 1302 à l’époque
contemporaine par G. Gozard et R. Varennes,
Union des Poètes bourbonnais, Moulins, 1988, pp.413-414.
34. in Les
Dahlias bleus, op. cité, p.25.
35. Cette
avenue, située dans un quartier résidentiel très coquet
de Vichy, fut également l’adresse de plusieurs personnalités
locales qui fréquentèrent la famille Thévenin, notamment
René Lavaud (au numéro 72), Maire-adjoint délégué aux
Beaux-Arts, et Marcel Corre (au numéro 45), instituteur à l’école
Paul-Bert, qui furent respectivement Président et Vice-Président
de la Symphonie Vichyssoise dans les années 1960.
36. Cette
prédisposition au trait d’esprit et aux jeux de mot est une
des caractéristiques (attachantes) de la personnalité d’Henri
Thévenin. Nous en possédons un sympathique témoignage
avec ce Définitionnaire Musical basé sur les 24 lettres de
l’alphabet qu’il fit paraître dans la revue Rayons en
1969 (n°20). On y trouve notamment à la lettre A : « Austerlitz
: Victoire qu’à Paris le Métro nome. » ; à la
lettre F : « Fa dièse : Sous-sol surélevé » ; à la
lettre H : « Harmonie : Même avec retard, on y forme toujours
de bonnes résolutions. » ; à la lettre M : « Marché commun
: French horn, à Londres, ou cor anglais, in Vichy ! » ; à la
lettre P : « Poissonnerie : Où les bars se mesurent avec les
claies de soles. » ; à la lettre S : « Solfège
: On y traite des blanches. » ; etc.
37. in Rayons,
n°16, 2e trimestre 1968.
38. Le
Quatuor Prima Vista avait déjà interprété une
toute première fois ce quatuor dans le cadre de sa Saison clermontoise
: c'était le 30 janvier 2005, mais l'édition clermontoise
de La Montagne avait alors totalement occulté l'événement,
tout comme elle a passé sous silence la conférence-concert
du 14 février 2006 qui eut lieu à la Bibliothèque
Massillon de Clermont-Ferrand.
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