"Le Duc de Guise"
En 1837 paraît à l'affiche de l'Opéra-Comique de Paris le dernier opéra de George Onslow, intitulé "Guise ou les États de Blois" : son succès sera mitigé en dépit d'un accueil très favorable de la part de la critique, et notamment de Berlioz qui rédigea plusieurs articles élogieux pour défendre les qualités musicales de cette partition qui, néanmoins, disparut définitivement du répertoire moins d'un an après sa création. Comme il était d'usage à l'époque, un certain nombre d'arrangements furent réalisés afin d'offrir à cet opéra une seconde carrière dans les salons : outre les traditionnelles versions pour piano, Onslow réalisa lui-même une transcription pour quatuor à cordes qui est décrite, dans une lettre de son éditeur Kistner, comme étant son opus 60 (Lettre à Onslow du 18 avril 1847, Collection du château d'Aulteribe). De telles transcriptions n'étaient pas rares au 19e siècle : plusieurs opéras furent adaptés pour cette même nomenclature, notamment ceux de Mozart (Don Giovanni). Les cinq pièces retenues dans le présent enregistrement sont presque toutes extraites du premier acte : elles sont le seul témoignage dont nous disposons actuellement pour juger de la façon dont Onslow composa pour la scène lyrique, en l'absence de tout enregistrement ou d'une improbable production. Force est de reconnaître, à l’audition de ces arias, qu’Onslow possédait un indéniable sens dramatique. La tendresse de la Romance, la vigueur des Couplets, le lyrisme (più Lento) puis la fraîcheur (Allegro) du Quintette, l’intimité paisible du Duo seulement troublé un instant par un « coup de vent », et la puissance virile du Trio – tout est du meilleur Onslow et si son écriture se fait ici plus vocale, notamment dans les dialogues instrumentaux, le travail harmonique et le soin apporté aux parties intermédiaires font de cette transcription un véritable 37e quatuor.
Baudime JAM © 2003